Parfois, j’ai peur…
Parfois, j’ai peur.
J’ai peur que les choses ne changent pas.
De rester coincée dans le marais boueux des obligations et des contraintes de notre société.
Que ma vie soit un perpétuel mouvement enfermé sur lui-même.
Que des choses essentielles à mon bonheur m’échappent.
Que je ne puisse saisir le plus haut potentiel qui me soit proposé.
Parfois, je me demande si j’ai fait vraiment de mon mieux.
S’il existait d’autres possibilités pour moi, que j’ai ratées, que je n’ai pas vues ou pas pu saisir.
Je me demande si j’aurais pu éviter les plus grosses erreurs de mon passé.
Et ce qu’il en aurait alors découlé.
Parfois, j’aimerais que ma vie soit totalement différente.
Je rêve souvent de voyages, d’un quotidien atypique, hors cadre.
D’explorer notre belle planète. D’écrire, de chanter, de danser, de cocréer. D’être loin de mon ordinaire.
De jouir d’une vie qui n’existe que dans les films ou dans certains récits que je lis chez les autres.
Je me sens incessamment tiraillée entre cette partie de moi en quête d’une grande liberté, poussée par la soif de nouveauté et d’aventure ; et une autre, qui a besoin de la chaleur et de la stabilité d’un foyer, d’une tribu.
Parfois, je me demande si une vie paisible et sereine est possible pour moi.
Si ma profonde sensibilité pourra un jour s’exprimer en toute sécurité.
Si mes côtés “trop” et “pas assez” cesseront de me faire douter.
Parfois, je me sens perdue et mélancolique.
Je me demande si je suis trop traumatisée et conditionnée pour être heureuse.
Si je peux réellement “y arriver”.
Parfois, je me demande quand toutes les parts de moi cesseront de s’entrechoquer pour être enfin en paix et en harmonie.
Ce texte est d’ailleurs une de ces parts qui s’exprime.
Je lui envoie alors plein d’amour dans quelques larmes de compassion.
Pour elle…
Pour moi…
Parce qu’ici et maintenant, je ne peux pas changer les choses en un claquement de doigts.
Mais simplement être en présence avec moi.
©Laura Gleizes