La peur de rater sa vie ou sa mission de vie
La peur de rater sa vie ou sa mission de vie.
Un soir, lors d'un moment de silence et de présence à moi, j'ai ressenti, là, caché derrière quelques couches émotionnelles, la peur de rater ma vie.
Contacter cette peur en moi m'a éclairé sur les nombreuses fois où j'ai tenté d'agir, de concrétiser ou de créer à partir d'elle par la force, le combat, la lutte, l’urgence ou le devoir.
Elle m'a permis de sentir ce que j'ai pu projeter sur mon désir d'accomplissement.
Désir d'accomplir que nous pouvons aussi nommer comme étant notre “mission de vie”.
Ce terme est partout dans les milieux spirituels et de développement personnel.
Je pense que cette notion porte en elle quelques vérités qui ont été grandement récupérées par nos mécanismes de survie et un bon complexe du sauveur.
Dès lors que nous percevons le monde comme un endroit rempli de victimes et de bourreaux, qu'il soit physiques ou multidimensionnels, nous en devenons effectivement les sauveurs.
Nous sommes nombreux, poussés par un sentiment de devoir "accomplir" quelque chose, à avoir peur de ne pas réussir ce quelque chose. Une "mission" c’est un plan d’action, un but à atteindre, qui suggère de potentiels échec ou réussite.
Selon moi, notre esprit élabore donc de nombreux biais sur le sujet au travers de ses fantasmes, croyances et stratégies inconscientes de survie.
La mission de vie/l'accomplissement de soi devient un exutoire qui parle bien plus de nos peurs existentielles profondes que d'une expression du véritable soi.
Je crois effectivement que nous avons tous une singularité à faire fleurir dans ce monde. Nous sommes tous une é-mission unique du jeu de la vie.
Mais nous déformons l’essence de nos désirs profonds pour les enfermer dans les cases de nos esprits contrôlants (car apeurés) à partir d'espaces en nous qui sont traumatisés.
Il n'y a pas de jugement à avoir là-dessus, simplement de la douceur et plus de conscience.
Je précise que ce que je dis ici, je me le dis aussi à moi-même car je suis en chemin avec ces notions.
La priorité est selon moi d'être pleinement honnête avec nous-mêmes, de reconnaitre nos gouffres existentiels, non pas pour les combattre, mais pour y apporter de l'amour.
Nous pourrons ensuite plus facilement reconnaître les murmures de la vie puis les concrétiser petit à petit à partir de la joie (même si cela peut aussi réveiller d'autres peurs).
Là est donc notre véritable mission, de nous aimer dans les espaces intérieurs dont nous prenons conscience. Puis d'écouter la vie ( = la joie) en nous qui cherche à ce que nous exprimions notre singularité en expérimentant et offrant nos spécificités et talents uniques (à nous-même, aux autres...).
L'accomplissement est donc une question de conscience de soi et de choix qui nous permettent d'être plus heureux.
Ce n'est pas une finalité où il existe des gagnants et des perdants, c'est un chemin sur lequel nous marchons chacun à notre façon.
©Laura Gleizes